Restauration
De tous les orgues à trois claviers et pédale construits par la maison Stiehr-Mockers, celui de l’église protestante de Riquewihr est assurément le mieux conservé. Les seules altérations qu’il ait subies, outre le renouvellement d’une dizaine de petits tuyaux intérieurs, portent sur trois points :
- Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés en 1917 et remplacés vers 1925, par un facteur resté inconnu. Ces tuyaux n’ont pas été confectionnés en zinc comme dans de nombreux autres cas de renouvellement au titre des dommages de guerre, ils sont en étain, avec un alliage correct, qui semble être compris entre 75 et 80 % d’étain. Mais ni la ligne des bouches, ni la forme des écussons n’est conforme aux modèles anciens : les plates-faces devraient avoir des lignes de bouches inclinées et non horizontales comme dans les orgues gothiques et renaissances, et les écussons rapportés en plein cintre devraient être réservés aux tourelles, alors que les plates-faces comportaient des écussons imprimés en triangle, sans parler des oreilles qui étaient absentes des tuyaux de façade chez Stiehr. Ils sont accordés par des entailles de timbre, qui n’existaient pas chez les Stiehr.
- L’étendue de la pédale a été portée en 1958 de 25 à 30 notes. Non seulement les montants du buffet du XVIIIème siècle ont été entaillés pour pouvoir y loger ce nouveau pédalier, mais l’un des panneaux latéraux de la clôture de pédale a été supprimé et un buffet complémentaire en sapin et contreplaqué a été ajouté à droite de l’orgue, dont l’effet visuel est assez malheureux, notamment pour la symétrie de l’ensemble.
- La soufflerie qui comptait à l’origine trois soufflets cunéiformes a été remplacée à une date inconnue par un réservoir à tables parallèles. Cette soufflerie fournit un vent satisfaisant mais le vent pourrait encore être meilleur, ainsi qu’on peut l’entendre sur les orgues qui ont conservé leurs soufflets d’origine à un pli rentrant (Langensoultzbach, Mattstall, Wingen) ou alors dans l’orgue de Bischoffsheim (Stiehr-Mockers 1848), où les trois soufflets cunéiformes ont été restitués lors de la restauration de 1992 : le remplacement du grand réservoir Kriess de 1921 par trois soufflets cunéiformes copiés à Langensoultzbach y a considérablement amélioré le vent, dans le sens de la fermeté et le vivacité, avec une grande influence sur le son.
Si l’on emploie le terme de restauration, qui désigne une opération visant à revenir à un état antérieur, en général l’état d’origine, en revenant sur des modifications intermédiaires, il faut donc nécessairement corriger les trois altérations subies par l’instrument.