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1781 - 1853 : l'orgue Langes

Le 4 avril 1781, la Ville de Riquewihr commanda un nouvel orgue à Christian Langes. Ce facteur d’orgues était originaire du Tyrol du Sud, aujourd’hui en Italie, où il était né le 26 mars 1730 à Tisens. Entré en apprentissage en 1747 chez Ignaz Franz Wörle, de Bolzen ou Bolzano, il y apprit la facture d’orgues, avant de s’expatrier en 1753 en Alsace. Après avoir construit son premier orgue à Uffholtz, c’est dans ce village qu’il s’installa, se maria en 1753, y acheta une maison en 1758 et y mourut le 24 octobre 1790, à l’âge de soixante ans. Pour 3.200 livres plus la reprise de l’ancien orgue, Langes devait livrer un instrument de 22 jeux.


  • 1781 - 1853 : l'orgue Langes
    1781 - 1853 : l'orgue Langes

Alors que l’instrument devait être livré pour Pâques 1783, il ne fut mis en place qu’à la fin de cette même année et achevé en février 1784. Les deux experts nommés par la Ville, Theobald Eppel et Georg Daniel Cräner, organistes respectivement à St-Georges de Sélestat et à St-Mathieu de Colmar, vinrent le 19 février 1784 et se montrèrent assez critiques, notant que la section du portevent principal était trop réduite, que les ressorts des sommiers étaient inégaux, que les claviers étaient trop éloignés l’un de l’autre, et que l’harmonie était trop inégale, notamment celle des jeux d’anches.

Les deux organistes revinrent le 26 mars 1784 et notèrent que la plupart des défauts n’avaient pas été corrigés, ils critiquèrent également le tempérament et l’accord des deux octaves supérieures. Pour pouvoir toucher le deuxième terme de son marché, Langes se pourvut devant le Conseil souverain d’Alsace et deux nouveaux experts furent nommés, Jean-Baptiste Von Esch, organiste de Saint-Martin de Colmar, et Joseph Waldenspiel, organiste à Ammerschwihr. Leur visite eut lieu les 22 et 27 mai 1784, ils se montrèrent plus favorables au facteur d’orgues, se contentant de critiquer la force excessive du tremblant doux et d’émettre des doutes sur le nouveau système de sommier utilisé pour le positif. Un arrêt du 22 avril 1784 condamna la Ville de Riquewihr à payer le deuxième terme du marché, mais elle n’en fit rien.

Après diverses péripéties juridiques, une quatrième expertise eut lieu le 14 mai 1785, avec cette fois Dominique Von Esch et Joseph Stadler, respectivement organiste et facteur de clavecins à Colmar, qui notèrent que le tremblant doux avait été amélioré. Mais la Ville tarda à payer le troisième terme, ce qui provoqua une nouvelle expertise, confiée à Martin Bergäntzel, facteur d’orgues à Ammerschwihr, et Frédéric Kiener, organiste à Hunawihr. Mais les deux experts se récusèrent et ce furent finalement Joseph Rabiny et Sébastien Krämer, facteurs d’orgues dont le premier était alors occupé à Notre-Dame de Guebwiller et le second était établi à Strasbourg. Ces facteurs d’orgues se montrèrent plus critiques que les organistes, signalant plusieurs défauts nouveaux, comme le fait que les tuyaux de façade n’étaient pas en étain d’Angleterre, que les pavillons des jeux d’anches étaient trop courts, hormis la Voix humaine, que les tuyaux à bouche étaient mal ajustés sur le faux-sommier, que la résistance des registres dans les sommiers était inégale, que les touches cornaient facilement, que les tremblants étaient inutilisables et irréparables, que les soufflets étaient trop durs à actionner et délivraient un vent poussif et qu’enfin il manquait les deux urnes prévues sur le positif. Ils estimèrent à 660 livres le montant des tuyaux de façade et des jeux d’anches à refaire, sur la base du traité de Dom Bédos. De guerre lasse, un accord fut finalement signé à l’amiable le 19 août 1789 : Langes renonça au paiement du troisième terme (1066 livres, 13 sols et 4 deniers) et la Ville accepta de faire réparer l’instrument à ses frais. Mais cette procédure judiciaire ruina la carrière de facteur d’orgues de Langes, qui ne posa plus d’orgue neuf après celui de Riquewihr et qui mourut un an plus tard, le 24 octobre 1790. Quant à son orgue, il ne fut joué que durant quatre ans, jusqu’à ce que la Révolution française ne le réduise au silence en 1793.

Composition de l'orgue Christian LANGES de Riquewihr
Grand-Orgue - 51 notes Positif de dos - 51 notes Pédale - 13 notes
Montre 8' Bourdon 8' Bourdon 16'
Bourdon 8' Montre 4' Bourdon ouvert 8'
Prestant 4' Flûte 4' Prestant 4'
Flûte de cheminée 4' Nazard 2 2/3 Trompette 8'
Nazard 2 2/3 Doublette 2  
Doublette 2' Fourniture 3 rgs Tremblant doux
Tierce 1 3/5 Cromhorn 8' Tremblant fort
Cornet 5 rgs   3 soufflets à un pli
Fourniture 3 rgs    
Trompette 8'    
Voix Humaine 8'