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Le buffet

La double boiserie remonte entièrement à l’orgue livré en 1784 par Christian Langes. Le dessin en élévation du grand buffet est conservé dans les archives communales de Riquewihr, celui du positif a disparu. La façade s’inspire manifestement de l’orgue Silbermann de Soultz (1750) situé à une dizaine de kilomètres d’Uffoltz, où résidait Langes. On y retrouve la tourelle centrale à trois compartiments entourée de deux plates-faces et de deux grandes tourelles. Cette tourelle tri-lobée diffère un peu du modèle initial, avec des courbes- faces latérales un peu plus larges, comportant chacune cinq tuyaux au lieu des quatre habituels. Les deux angelots juchés à Soultz sur la tourelle centrale se retrouvent au même emplacement sur le dessin originel, ils y étaient encore avant la Première Guerre mondiale, au vu d’une photo ancienne citée par Marc Schæfer, mais ils ont migré depuis lors sur les tourelles du positif.


  • Le buffet
    Le buffet
  • Dessin du buffet du Grand-Orgue de Riquewihr
    Dessin du buffet du Grand-Orgue de Riquewihr

Les armes de la ville de Soultz et les urnes des tourelles latérales laissent ici la place à trois anges musiciens, jouant du luth à gauche, de la trompette au centre et du violon à droite. Hormis pour ces statues et pour les culots à feuilles d’acanthes, la décoration néo-classique diffère également beaucoup du modèle silbermannien, notamment pour les tambours des tourelles latérales, le décor assez chargé des montants et les cannelures des frises.

Quant au positif, il ne s’inscrit pas dans la filiation avec Silbermann et s’il emprunte à Louis Dubois les plates-faces cintrées, elles sont couronnées d’une corniche horizontale et non d’une simple claire-voie. Les armes des seigneurs de Riquewihr se trouvaient ici sur le petit buffet et non sur le grand corps comme à Soultz, mais elles ont été buchées à la Révolution française : dans les comptes de 1792, on paya un sculpteur pour les remplacer par le drapeau national, qui lui-même a disparu depuis lors. Les urnes qui figuraient sur le dessin aujourd’hui perdu n’ont jamais été posées par Langes, si l’on en croit le rapport d’expertise du 25 novembre 1785.

Au grand corps, la façade et les parois latérales sont confectionnées en chêne verni. Au vu des restes d’un apprêt blanc que l’on distingue dans les pores du bois et sur les renfoncements des sculptures, il est possible que le meuble ait été peint en faux-bois à l’origine et qu’il ait été décapé par Stiehr. Cette prestation ne figurait néanmoins pas dans le traité signé le 8 juillet 1851 avec Joseph Stiehr, qui prévoyait de “bien nettoyer et vernir au copal les deux buffets”.

Posée sur une charpente en peuplier, la boîte expressive du récit est confectionnés en peuplier. La clôture de pédale a été refaite par Stiehr, en sapin peint en faux-bois. A l’origine, les plates-faces du positif comportaient chacune neuf tuyaux, alors qu’il n’y en a plus que huit actuellement, mais les chapes et les râteliers sont restés ceux d’origine.